Tricia Middleton
Justine 13 jan.— 13 fév. 2016
13
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2016

13 janvier – 13 février 2016

La Galerie Antoine Ertaskiran est heureuse de présenter Justine, la première exposition personnelle de Tricia Middleton en ses murs. Les sculptures et installations de Tricia Middleton font très souvent appel aux notions de goût et de préférences esthétiques comme entités idéologiques, très représentatives de l’époque de la quelle elles émergent. L’esthétique se présente ici comme un accomplissement dans le travail de Middleton plutôt que comme une valeur intrinsèque à l’oeuvre.

Fascinée par le déclin inévitable de la matière, Middleton collectionne des objets du monde qui l’entoure et les juxtapose à des vestiges recyclés de sa production artistique, les entassant et les greffant les uns aux autres pour créer des sculptures et des environnements qui imitent les processus naturels d’accumulation et de décomposition.

L’excès, la décomposition et la destruction sont développés en revitalisant la philosophie du Marquis de Sade. Justine fait référence à des éléments de l’œuvre de Sade tout en évoquant ce que Maurice Blanchot a décrit comme étant la plus grande contribution de Sade: son œuvre incarne la première philosophie fondée sur l’expérience autodestructrice comme moyen d’accéder au concept. Pour Sade, la nature doit être perçue comme l’esprit même de la négation, la destruction étant son mode d’expression. Or dans cette capacité de destruction en apparence illimitée, se trouve aussi la joie extraordinaire de la création qui s’ensuit inévitablement; la destruction n’est jamais absolue. Ici, Middleton invente une fin différente pour Justine, qui, après tout, ne faisait que tenter de survivre à une force corruptrice qui n’était pas la sienne.

L’exposition Justine s’installe dans la tension et la proximité entre la destruction et la création, les œuvres incarnant ceux deux forces, individuellement et conjointement. L’approche de Middleton suggère une certaine ambivalence par rapport à la matérialité mais aussi un grand respect pour la liberté de la matière telle qu’elle existe, indépendamment de l’artiste, L’œuvre en elle-même ne peut désirer sa propre existence, elle existera malgré tout grâce à cette collaboration. Ce refus d’exister, en fuyant d’emblée toute limitation, donne lieu aux malformations et à l’accumulation par couches propres à la pratique de l’artiste, Middleton perçoit la technique comme une sorte de violence faite envers une chose qui n’a pas demandé à la recevoir, sa forme est une résistance à toute contrainte.

Née à Vancouver en 1972, Tricia Middleton vit et travaille à Montréal. Elle a fréquenté la Emily Carr University of Art and Design (1997) et détient une maîtrise en beaux-arts de l’Université Concordia (2005). Lauréate du prix Victor Martyn Lynch Staunton en 2010, son travail se retrouve au Musée d’art contemporain de Montréal ainsi que dans plusieurs collections privées. Ses expositions solos ont été présentées dans différents musées et galeries à travers le Canada: Dunlop Art Gallery (2015); Jessica Bradley Gallery (2014); Oakville Galleries (2012); Mercer Union, Toronto (2011); Musée d’art contemporain de Montréal (2009). Son travail a aussi été inclus dans plusieurs expositions collectives, comme Misled by Nature: Contemporary Art and the Baroque à la Art Gallery of Alberta, Edmonton (2012) et au Musée d’art contemporain canadien, Toronto (2014); Nothing to Declare: Recent Sculpture from Canada, The Power Plant, Toronto (2010); la Triennale québécoise, Musée d’art contemporain, Montréal (2008) et De-con-structions, Musée des beaux-arts du Canada (2007). En 2016, Middleton fera partie de l’exposition itinérante Material Girls, organisée par la Dunlop Art Gallery.