Playlist, 2018, vue d'exposition, Galerie Antoine Ertaskiran, Montréal (Canada), Photo: Paul Litherland
Playlist 04 jul.— 11 aoû. 2018
11
aoû.
2018
PLAYLIST
MICHELLE BUI
JULIA DAULT
KIM DORLAND
NICOLAS GRENIER
MANUEL MATHIEU
JON RAFMAN
JEANIE RIDDLE
STERLING RUBY
CORRI-LYNN TETZ
La Galerie Antoine Ertaskiran est fière de présenter la troisième édition de Playlist, une exposition collective, regroupant le travail de Michelle Bui, Julia Dault, Kim Dorland, Nicolas Grenier, Manuel Mathieu, Jon Rafman, Jeanie Riddle, Sterling Ruby et Corri-Lynn Tetz. Réunies pour la première fois, leurs œuvres créent une expérience visuelle unique. Le titre Playlist, met en avant la diversité des esthétiques et des moyens d’expression qui se retrouvent dans cette exposition captivante. Le public est invité à découvrir l’approche particulière de chacun des artistes qui, complétant celle des autres, forme un ensemble inédit.
Michelle Bui propose une redécouverte d’objets, matériaux, aliments et végétaux qui nous entourent. Par une appropriation singulière des codes de la publicité et de la nature morte, ses photographies suggèrent une dissonance formelle et référentielle entre des éléments industriels, artisanaux et organiques. Par des mises en scène à la fois familières et insolites, l’artiste exploite le potentiel de la photographie à renforcer la tension entre le vivant et l’inanimé, entre l’erratique et le fixe. En détournant les objets de leurs fonctions dominantes, elle fait preuve d’une sensualité parfois brute qui témoigne de l’absurdité camouflée dans notre quotidien, le tout faisant appel à notre subconscient et à son pouvoir de suggestion.
Julia Dault fait partie de cette nouvelle génération d’artistes qui a stimulé la peinture contemporaine abstraite. Dault intègre dans sa pratique des notions qui se veulent contradictoires à savoir des procédés mettant de l’avant le geste expressif, qui se voit ensuite contrôlé par des mesures et des règles post minimalistes et conceptuelles. Les notions de labeur et de geste répétitif, automatisé se retrouvent dans la pratique de Julia Dault qui applique et soustrait la matière à l’aide d’outils et de supports non conformes et des procédés de retrait qui ont pour conséquence de limiter ses gestes. Dault a une façon unique de créer ses sculptures in situ. Elle utilise des matériaux comme le Plexiglas et le Formica, qu’elle plie, fixe et roule pour créer des formes qui paraissent à la fois fragiles et robustes.
Kim Dorland repousse les frontières de la peinture figurative afin d’aborder différents thèmes tels que celui de la mémoire, de la nostalgie, de l’identité ou encore des lieux. Son refus de se limiter à seul médium ou à une seule approche affecte l’aspect symbiotique de ses œuvres ; la matité de l’acrylique, la brillance de la peinture en aérosol et la densité de l’huile se complètent ou s’opposent. Des scènes vagues mais identifiables se mêlent aux empâtements abstraits, accentuant ainsi la qualité brute de ses toiles. S’inspirant grandement des paysages canadiens, l’artiste explore et renouvelle l’art traditionnel du paysage et du portrait inscrit dans l’histoire de la peinture canadienne.
Nicolas Grenier s’intéresse aux liens biaisés entre les systèmes politiques, économiques et sociaux où nous évoluons et aux principes – ou à leur absence – qui les fondent. Tout son art consiste à traduire ces problèmes théoriques et philosophiques dans une dimension visuelle et physique. Il réalise surtout des peintures et des installations architecturales, mais également des dessins, des images numériques et des livres d’art. Son œuvre se veut également analytique et poétique. Grenier mêle de l’architecture aux accents psychédéliques, des textes aux abstractions géométriques et des diagrammes aux champs colorés.
Manuel Mathieu (né en 1986, l’année du soulèvement haïtien qui mit fin à l’ère Duvalier) se consacre principalement à la création de peintures dont les sujets, à la fois personnels et provocants, déconcertent par leur caractère intime. Utilisant un vocabulaire pictural qui emprunte autant à l’abstrait qu’au figuratif, Mathieu évoque souvent l’histoire de son pays natal. À ce titre, les formes qui ponctuent les œuvres de l’artiste apparaissent telles des silhouettes humanoïdes ou des parties du corps dérivant dans un environnement anonyme et dépouillé de toute autre forme de vie. Par le moyen de techniques plurielles comme le grattage, le frottage, l’insertion, l’artiste fait disparaître et réapparaitre des images qu’il avait initialement introduites dans ses œuvres.
Explorateur et archiviste de la culture web, Jon Rafman examine la nature changeante de l’identité personnelle au sein d’une société contemporaine. L’ensemble de sa production, qui intègre vidéos, installations, sculptures, photographies et peinture, interroge les limites du virtuel et du réel, de l’historique et du personnel, de la mémoire et du subjectif. En combinant des éléments provenant des mondes matériels et virtuels, Rafman souligne l’aisance avec laquelle la traduction entre ces deux langages s’effectue, modelant par le fait même notre perception de nous-même ainsi que la façon dont nous établissons un contact avec notre environnement. Le travail de l’artiste, en questionnant les limites entre ces deux sphères d’idées, semble s’inscrire dans un tiers espace indéterminé, singulier quoique familier.
Les sculptures et les peintures de Jeanie Riddle s’articulent autour d’une réflexion plastique sur la ligne, le tracé et la surface picturale à partir de laquelle s’élabore un dialogue entre les crevasses, les craquelures, les lignes rompues et l’espace coloré. Riddle pousse l’économie de moyens à son maximum par une volonté marquée d’épurer les formes mêmes les plus simples. L’espace ainsi “vidé” devient espace architectural. À travers ce langage, l’artiste cherche à exprimer sa relation au monde, construite à l’image d’une architecture instinctive et tendre.
Sterling Ruby utilise une variété de stratégies esthétiques dans sa pratique artistique. Que ce soit des sculptures en polyuréthane aux couleurs saturées, des dessins, des collages, des céramiques, des peintures en aérosol inspirées de graffitis et de vidéos, il réussit à maintenir une tension parmi la multitude d’éléments utilisés. Son travail soulève des questions liées à la violence et aux différentes pressions sociales, à l’autobiographie et à l’histoire de l’art. L’art de Sterling oscille entre un esthétisme fluide et statique, minimaliste et expressionniste, immaculé et souillé. L’artiste a longtemps été influencé par les implications sociologiques de la démarcation urbaine, du vandalisme et des luttes de pouvoir régissant les gangs de rues. L’œuvre présentée dans le cadre de l’exposition s’inscrit dans une série des peintures intitulées BC (abréviation pour Bleach Collage), pour lesquelles l’artiste réutilise et incorpore à la toile des morceaux de textiles divers trouvés à son atelier et ayant une résonnance personnelle.
Corri-Lynn Tetz s’inspire de la peinture romantique et des relations entre les figures humaines et le paysage afin d’explorer les possibilités infinies de la surface peinte, de l’espace pictural et de la forme. Évoquant l’onirique ou l’idée d’une Arcadie lointaine, l’impression qui se dégage de ses œuvres s’apparente plus au poétique qu’au narratif. Les corps et la nature se manifestent par le biais d’une figuration imaginative, d’un contraste de couleurs vives et désaturées, d’interventions abstraites couplées à des gestes intuitifs. Tout en respectant les traditions de la peinture figurative, les œuvres de Tetz s’inscrivent à la frontière entre abstraction et représentation – là où la forme fournit suffisamment d’information pour révéler les corps et leur environnement sans toutefois perdre la matérialité de la peinture. L’artiste transforme et recontextualise ainsi chaque élément en un espace fictif via l’ajout graduel d’indices et de clés de lecture.
Pour toute demande d’information contacter Antoine Ertaskiran ou Anne Roger : [email protected] ou +1-514-989-7886.