Our thing
Aude Pariset, Jon Rafman, Christopher Kulendran Thomas 22 fév.— 24 mar. 2018
22
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2018

VERNISSAGE
Jeudi 22 février, de 17h à 20h

La Galerie Antoine Ertaskiran est heureuse de présenter le premier volet d’une collaboration avec Vie d’ange, centre d’art montréalais. Our thing relie les œuvres des artistes Aude Pariset, Jon Rafman et Christopher Kulendran Thomas afin d’offrir un ensemble de réflexions visuelles autour de l’idée de la foule. Les œuvres présentées témoignent de différentes problématiques reliées à l’état actuel de notre société, qu’elles soient économiques, sociales, politiques ou écologiques. Félix Guattari, psychanalyste et philosophe français, en développant le concept d’écosophie, identifie la corrélation entre trois écologies, à savoir l’écologie environnementale, l’écologie sociale et enfin l’écologie mentale, autant de sphères touchant les préoccupations humaines pour lesquelles une conscience sociale est de mise. Faut-il, une fois de plus, invoquer l’ Histoire ! Au moins en ceci qu’il risque de ne plus y avoir d’histoire humaine sans une radicale reprise en main de l’humanité par elle-même [1]. Our Thing amène trois lectures différentes de notre société actuelle à travers un dialogue éclairant les complexités de la corrélation de ces systèmes. Cette exposition survole les dissonances cognitives entre nos aspirations éthiques individuelles et nos comportements et attitudes de masse.

Dans l’œuvre Poor magic de Jon Rafman, les angoisses existentielles de l’homme moderne sont projetées sur des foules. Au moyen de confessions trouvées sur des forums en ligne et assemblées en un scénario rédigé à la première personne, Rafman crée un protagoniste anonyme qui, bien qu’il ne soit qu’un parmi tant d’autres, parvient à inspirer l’attachement et l’empathie. Les foules avancent en groupes synchronisés et effectuent des tentatives paniquées et individualistes d’évacuation, ou marchent en formation vers un échec assuré. Les logiciels de simulation de foule sont habituellement utilisés pour prédire le comportement des gens en situation de crise, et pourtant, Poor Magic nous fait réfléchir aux transformations de la société, qui semblent algorithmiques, et à l’incidence de la technologie sur la façon dont nos corps bougent et sur la manière de penser des masses.

Le travail d’Aude Pariset, quant à lui, explore l’intervention humaine sur des masses non humaines. Dans la série d’œuvres Sweeping Bird de Pariset, des images d’oiseaux morts qui ont ingéré des déchets plastiques à la place de nourriture sont transférées au laser sur des coussins à langer. Tout comme les oiseaux qui se retrouvent à l’extrémité de cette chaîne alimentaire involontaire, les vers de farine jouent désormais un nouveau rôle – révélé par de récentes découvertes scientifiques – dans les écosystèmes anthropisés : ils ingèrent les pires résidus de la consommation humaine : les rebuts de styromousse. La sculpture de Pariset sera exposée ici lors des deux prochaines expositions, alors que les vers continuent de la transformer. Comme les vers commencent à collaborer à l’élimination des déchets, Pariset les emploie maintenant aux premières lignes de la production de biens de luxe. Les vers de farine sont relâchés sur des surfaces bioplastiques sur lesquelles l’artiste a transféré des images provenant de publicités faisant la promotion d’un mode de vie luxueux. Au moyen de son œuvre, Pariset explore la façon dont les chaînes d’approvisionnement influent sur les chaînes alimentaires, tout en imaginant un rêve écocapitaliste dans lequel les images de désir peuvent continuer d’exister tout en éliminant les détritus laissés dans leur sillage.

Tout comme les systèmes de pensée exposés dans l’œuvre de Pariset, le projet en cours de Christopher Kulendran Thomas, When Platitudes Become Form, remet en cause les réseaux et les économies politiques de circulation. Caractérisée par une attention personnelle axée sur la libéralisation économique du Sri Lanka, qui s’est produite à la fin d’une violente guerre civile ayant duré 30 ans, l’œuvre de Thomas explore les tendances territoriales de cet ordre économique et de ses moyens de s’approprier les images et les richesses dans son domaine fortifié. Le film de Thomas, 60 Million Americans Can’t Be Wrong, expose les grandes lignes de ce conflit, tout en imaginant les chemins émancipateurs vers lesquels la technologie pourrait nous propulser, au-delà des frontières traditionnelles des pays. Le film révèle également un lien entre l’émergence des premières galeries d’art sri lankaises de style « White Cube» en 2009 et ce conflit constant; la prolifération de l’art contemporain au Sri Lanka reflète un nouvel état d’esprit prospère, mais dissimule la violence sur laquelle cette prospérité repose. Thomas engage le dialogue sur cette dislocation en s’immisçant dans ces réseaux de distribution d’images et d’argent. Il achète des œuvres d’art auprès de certains des jeunes artistes contemporains sri lankais les plus en vue et les recontextualise drastiquement en tant qu’éléments de ses compositions aux fins de circulation internationale, forçant ainsi une certaine contradiction entre le matériel utilisé pour les œuvres et les vecteurs géopolitiques propulsant leur circulation [2].

Our Thing s’apparente à une illustration de foule pour laquelle nous tentons de capturer un moment figé malgré des sujets en constant mouvement. L’image de la foule ne doit pas être confondue avec celle de la représentation unique d’un groupe, puisque bon nombre de personnes impliquées seront exclues des bords de l’image lors du recadrage.

– Eli Kerr & Daphné Boxer

Pour plus d’informations, veuillez contacter Anne Roger, [email protected] ou +1 (514) 989-7886.
La galerie et les artistes aimeraient remercier Daphné Boxer et Eli Kerr pour leur collaboration.

[1] The Three Ecologies, Félix Guattari. 1971.
[2] From Christopher Kulendran Thomas’ film 60 Million Americans Can’t Be Wrong.

Aude Pariset (n. 1983 à Versailles, France) vit et travaille à Berlin. Ses œuvres ont été présentées dans plusieurs expositions personnelles et collectives d’importance, telles que Greenhouses à Cell Project Space, Londres (2016), Crawler à Ginerva Gambino, Cologne (2015) et A bōAt[] A Promise, Kunstverein Nürnberg, Allemagne (2014), Co-Workers au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (2015), Find Your Beach, commissariée par Christina Lehnert à la Gebert Stiftung für Kultur, Rapperswil (2015) et Inside China, commissairié par Jo-ey Tang au Palais de Tokyo et à la K11 Foundation, Hong Kong et Shanghai (2015).

Jon Rafman (n. 1981 à Montréal) vit et travaille à Montréal. Il détient un MFA de la School of the Art Institute of Chicago. Son travail a été présenté au New Museum (New York), au Palais de Tokyo (Paris), au Stedeljik Museum (Pays-Bas), à la Saatchi Gallery (Londres), au Contemporary Art Museum of Saint-Louis ainsi qu’au Musée d’Art Contemporain Canadien de Toronto (MOCCA). Son travail a été présenté dans d’importantes expositions de groupe internationales telles que pour le K11 Art Shangaï (2017), la Biennale de Sharjah (2017), la Biennale de Berlin 9 (2016) et la Biennale européenne Manifesta 11 (2016). Le travail de Rafman a été dans diverses publications spécialisées remarquées, telles que Art in America, Artforum, Modern Painters, Frieze et le New York Times. L’artiste a été nominé pour le Sobey Art Award 2014 et en 2016 et a été finaliste en 2015. En 2014, Rafman a été nominé pour le prestigieux Future Generation Art Prize. Il a également été lauréat du Prix Pierre-Ayot en 2015.

Christopher Kulendran Thomas a participé à la 7ème Bi-City Biennale de Shenzhen (2017), la 11ème Gwangiu Biennale (2016), la 9ème Berlin Biennale (2016) et la 3ème Dhaka Art Summit (2016). Ses oeuvres ont été présentées dans de nombreuses expositions, notamment « I was raised on the Internet », Museum of Contemporary Art Chicago (2018), « New Eelam : Tensta », Tensta konsthall, Stockholm (2017), « Christopher Kulendran Thomas », New Galerie, Paris (2017), « Bread and Roses », Museum of Modern Art in Warsaw (2016), « moving is in every direction. Environments – Installations – Narrative Spaces», Hamburger Bahnhof – Museum für Gegenwart, Berlin (2017), « Co-Workers : Network As Artist », Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (2015) et « Art Turning Left : How Values Changed Making », Tate Liverpool (2013).